RDC : Vers l’embrasement prévisible du Congo

Kabila n’est résolument pas l’homme de la situation. Pas de polémique dans cette affirmation : il suffit de regarder objectivement l’état du pays, après son premier mandat.

Quant à Tshisekedi, que peuvent attendre de lui les Congolais, si ce n’est un changement de l’équipe dirigeante ? L’espoir d’un véritable changement ? Si le vieux « sphinx de Limete » arrivait à accéder au pouvoir, nous pourrions nous en faire une idée. Tout laisse cependant à penser que la désillusion serait, tristement, une nouvelle fois, au rendez-vous…

In fine, il semblerait que, comme en Côte d’Ivoire l’an dernier, personne ne soit jamais en mesure de livrer la réalité des résultats de cette élection présidentielle. « De la démocratie en Afrique » pourrait écrire aujourd’hui, circonspect, un Alexis de Tocqueville , parlant de nos égarements africains. Les anciennes puissances coloniales et leurs multinationales, qui exploitent éhontément nos sous-sols, avec l’aval de ces petits « pro-consuls africains » qu’on nous impose, devraient être les premiers à être pointés du doigt…

Mais non…

Certains d’entre nous continuent à déverser une haine ethnique totalement imbécile et contre productive, qui de plus laisse présager le pire : Kongo Times, par exemple, ne peut s’empêcher de s’illustrer en parlant de Kabila en termes « d’imposteur tutsi rwandais »…

Qui peut donc aujourd’hui être suffisamment irresponsable et stupide pour penser que le sort des Congolais serait entre les mains « des Tutsi » ? On peut d’ailleurs s’indigner du rôle joué par le gouvernement rwandais en RDC sans pour autant mettre en avant un tribalisme abject qui n’honore en rien les Africains. Comment des êtres censés être des hommes libres et réfléchis peuvent-ils à ce point reproduire les schémas délétères de l’idéologie véhiculée par l’ethnographie et la raciologie coloniale ?

Les opposants Congolais seraient-ils à ce point si stupides qu’ils ne peuvent juger Kabila sur sa politique ? Qu’il leur faille absolument lui trouver des origines rwandaises pour pouvoir le critiquer ? Il semble pourtant évident que le président élu en 2006 n’aura en rien réussi à gouverner convenablement son pays : insécurité dans tout le pays, corruption généralisée, génocidaires rwandais (FDLR et milices interahamwe) qui violent et pillent impunément les Congolais(es) dans le sud et nord Kivu, populations aux abois, transports et routes inexistantes, fruits de l’exploitation du riche sous-sol du pays qui enrichissent une minorité de Congolais cyniques et des transnationales occidentales ou sud-africaines sans aucunement profiter aux citoyens de notre grand pays…

Pour refaire un lien avec la Côte d’Ivoire, nous pourrions, plus que jamais, aujourd’hui, avant de livrer une petite revue presse (ci-dessous), s’approprier les mots de Tiken Jah Fakoly (titre de deux de ses morceaux), « mon pays va mal », « Il y en à marre »…

Ça nous change parfois des chanteurs congolais à paillettes - et « déguisements » hors de prix vendus par les grandes marques d’habillement occidentales - qui s’illustrent imbécilement, aujourd’hui, dans des chansons partisanes…

Prestation de serment d’Etienne Tshisekedi

Radio Okapi (« Prestation de serment » d’Etienne Tshisekedi : une nuit des coups de feu à Mbuji-Mayi) revient dans un article du 24 décembre, sur la prestation de serment de Tshisekedi et « les tirs à balles réelles et des coups des gaz lacrymogènes » qui « ont été entendus toute la nuit de vendredi à ce samedi 24 décembre à Mbuji-Mayi ».

Selon le média de la Fondation Hirondelle, le président du comité provincial de la Socikor, Me jean Alexis Kasuasua, a déclaré :
« C’est le pouvoir qui peut expliquer pourquoi on gaspille les munitions. Cette nuit même, dans le quartier Bukasa Nkumbikumbi, aux environs de 1 heure du matin, des éléments armés ont tiré des coups de feu. Ils ont fait du porte-à-porte en train de chercher à récupérer biens et sommes d’argent. »

« Etienne Tshisekedi a prêté serment à son domicile de Limete, en présence de plusieurs dizaines de ses partisans et de responsables politiques de l’opposition. C’est depuis son domicile aussi qu’il s’apprête à constituer son cabinet, assurant toujours qu’il a obtenu une majorité de voix à l’élection présidentielle. »
Colette Braeckman

Vidéo de la prestation de serment d’Etienne Tshisekedi

Etienne Tshisekedi , entouré de ses partisans a donc prêté serment. La police l’a empêché de sortir de sa maison. Le quartier de Limete a été bouclé par la police et l’armée congolaise. Les supporters de l’opposant n’ont pas réussi non plus à accéder au stade des Martyrs, ce vendredi 23 décembre 2011.

Arrestations arbitraires et enlèvements en RDC

« Depuis la réélection contestée de Joseph Kabila à la tête de la République démocratique du Congo (RDC), les arrestations arbitraires d’opposants politiques s’intensifient ». Amnesty International dénonce de nombreuses « arrestations post-électorales illégales » destinées à « museler l’opposition. » Afrikarabia (Courrier International)

Arrestations arbitraires

Selon Amnesty International, « les forces de sécurité de la RDC doivent mettre fin à une vague d’arrestations politiques, en particulier, aux arrestations arbitraires et illégales menées à la suite des résultats contestés de la présidentielle ». Selon un communiqué de cette ONG, « des dizaines d’arrestations ont eu lieu dans le pays depuis l’élection présidentielle du 28 novembre ».

Theo Boutruche (Amnesty international) revient sur le communiqué de l’ONG pour laquelle il travaille sur Radio Okapi : 
« Ce communiqué de presse a pour but d’attirer l’attention sur un climat de tension et d’incertitude qui règne en ce moment en République démocratique du Congo et particulièrement à Kinshasa. [Il vise également à] alerter les autorités sur la nécessité de faire cesser ces arrestations et surtout, soit libérer les personnes qui ont été arrêtées, soit les inculper rapidement d’une infraction reconnue par la loi. »

 

Enlèvements

La Voix des Sans Voix* (VSV) dénonce l’enlèvement d’au moins 20 personnes à Limete. Ces enlèvements et disparitions forcées des personnes seraient le fait des hommes armés en tenue de la Police Nationale Congolaise (PNC) et de l’armée (FARDC), notamment de la Garde républicaine.

« Les militaires ont escaladé le mur. Ils ont forcé la porte. Ils cherchaient mon frère Jean de Dieu. Ils ont saccagé la maison et emporté l’argent, les téléphones portables, les chaussures. Ils ont enlevés Jean-Claude Mukeba et Jean de Dieu Tshimanga », a témoigné la sœur des deux personnes enlevées. 

Un communiqué de presse de la VSV, publié mercredi 21 décembre, indique selon Radio Okapi que plusieurs de ces victimes seraient détenues au secret dans des cachots qui ne dépendent pas des parquets…

La Voix des sans voix pour les droits de l’Homme (VSV) se dit préoccupée par vingt enlèvement opérés dans la nuit du mardi 9 août sur l’avenue Marais, quartier Funa, dans la commune de Limete, à Kinshasa.
Selon cette ONG, ce kidnapping a été opéré vers 2 heures du matin, par près de quarante hommes en tenue des FARDC, de la police nationale et de la Garde républicaine.Le directeur exécutif de la VSV exige l’ouverture d’une enquête indépendante en vue de faire la lumière sur cet enlèvement.

---