Nettoyage ethnique
400 000 réfugiés
Un génocide est en cours depuis deux semaines maintenant, et aucune réaction internationale. Le Conseil de sécurité aura fini par dénoncer cette nuit le nettoyage ethnique dont sont victimes les Rohingyas de l’Arakan, dans l’ouest de la Birmanie, mais le mot génocide n’a pas été prononcé. D’ores et déjà 176 villages sur à peine plus de 700 ont été entièrement brûlés. Près de 400 000 personnes sont parvenues à fuir au Bengladesh voisin.
Pour signifier à l’armée birmane qu’elle n’a pas carte blanche pour exterminer une partie de sa population, de nombreux moyens sont à la disposition de la communauté internationale.
Rappelons tout d’abord que depuis plus de 20 ans, c’est la France qui apporte le principal soutien du régime militaire birman avec le contrat passé par Total pour l’exploitation du gazoduc de Yadana. En 2010 ce contrat avait déjà rapporté près de 5 milliards de dollars aux militaires dont il est connu qu’ils placent cet argent à Singapour sur des comptes privés ou pour financer leurs dépenses militaires, en particulier l’acquisition de technologie nucléaire et de missiles balistiques.
On sait aussi que ce argent sert à blanchir l’autre source de revenus importante de l’armée birmane tirée du trafic de drogues, et en particulier la production massive d’amphétamines ces dernières années qui s’ajoute à la traditionnelle exploitation d’opium du Triangle d’or.
Rappelons aussi que lors de la révolution de safran en 2007, les militaires ne s’autoriseront à tirer sur les moines qu’après une déclaration attendue de Nicolas Sarkozy ordonnant « la réduction des investissements futurs de Total ». Cette sanction étant totalement dénuée de portée, deux heures après la déclaration élyséenne le massacre commençait.
Il faut sans attendre qu’Emmanuel Macron ordonne le retrait de Total de Birmanie.
Dans le même mouvement, il faut ordonner le blocage des comptes de l’armée birmane à Singapour, Zurich et ailleurs.
Simultanément, l’ONU doit se retirer de Birmanie ipso facto, si les militaires n’interrompent pas immédiatement leur campagne génocidaire.
De même, l’Académie Nobel se doit, sans attendre, de prononcer le retrait du Prix Nobel de la Paix attribué à Aung San Suu Kyi.
C’est à la diplomatie française d’agir, sans délais, après toutes ces années où elle aura soutenu la possibilité d’une évolution douce vers la démocratie. La stratégie menée par la France en Birmanie depuis plus de vingt ans fait en effet que cette dernière est dans une position idéale pour agir.
A l’heure du génocide, il n’est pas permis de tergiverser.
Comme en 1994 au Rwanda, l’inaction de la communauté internationale aujourd’hui en Birmanie s’apparente à de la complicité de génocide.
La France doit et peut intervenir pour arrêter ce génocide en cours.
Manifestation le 16 septembre au Trocadero à 14 heures
« Je suis Rohingyas - Manifestation »
https://www.facebook.com/events/751070111743137
Vidéo : Manifestation de soutien aux Rohingyas (11 septembre 2017, Paris) - CLNEWS
Photos : manifestation du 11 septembre à Paris - Michel Sitbon
Bruno Gouteux
Michel Sitbon dirige les éditions de l’Esprit frappeur, Dagorno et les éditions du Lézard.
Il est le fondateur des journaux Maintenant, État d’urgence, Le Quotidien des Sans-Papiers et du site d’information Paris s’éveille.
Il est également l’auteur du livre « Rwanda. Un génocide sur la conscience » (1998).
Il est directeur de publication de « La Nuit rwandaise » et membre de l’association France Rwanda Génocide - Enquêtes, Justice, Réparation.
Michel Sitbon est également le porte parole du Collectif contre la Xénophobie et de Cannabis Sans Frontières - Mouvement pour les libertés.
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