Point Info (10/01/2012) : Rwanda, l’attentat de Juvénal Habyarimana

La rédaction - 10/01/2012
Image:Point Info (10/01/2012) : Rwanda, l'attentat de Juvénal Habyarimana

Attentat de l’avion de Habyarimana : remise du rapport des experts
Conférence de presse de Léon-Lef Forster et Bernard Maingain

Quelle est l’origine des tirs de missiles qui ont abattu, en avril 1994, l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, causant sa mort et celle de 10 autres personnes, dont le président burundais Cyprien Ntaryamira et quatre membres d’équipage français ?

En avril 2010, les juges antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux désignent cinq experts, géomètre, balistique, explosifs et incendie, rejoints plus tard par un acousticien, pour déterminer les lieux possibles des tirs ayant abattu l’avion présidentiel, considéré comme l’acte déclencheur du génocide rwandais.

Vingt mois plus tard et après un déplacement au Rwanda en septembre 2010 pour essayer de reconstituer les conditions de l’attentat, juges et experts vont dévoiler, ce mardi 10 janvier 2012, leurs conclusions aux parties concernées par l’enquête.

Une conférence de presse, à l’invitation de Mes Léon-Lef Forster et Bernard Maingain, défenseurs des 7 inculpés rwandais de « l’instruction » Bruguière, aura lieu mercredi 11 janvier (voir ci-dessous) : Les manipulations de l’enquête Bruguière.

Revue de presse (10/01/2012) : Rwanda, l’attentat de Habyarimana

Revue de la presse française du 10 janvier 2012 : Rwanda, l’attentat de Habyarimana

Quelle est l’origine des tirs de missiles qui ont abattu, en avril 1994, l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, causant sa mort et celle de 10 autres personnes, dont le président burundais Cyprien Ntaryamira et quatre membres d’équipage français ?

Contrairement à leur prédécesseur, le juge Bruguière, Nathalie Poux et Marc Trévidic, les deux magistrats qui ont repris depuis quatre ans l’instruction sur l’attentat du président Rwandais Juvénal Habyarimana, sont partis du terrain et ne s’appuient pas uniquement sur des déclarations recueillies pour l’essentiel auprès d’opposants à Paul Kagamé, en exil.

Il faut signaler que trois des principaux témoins du juge Bruguière, chargé par l’état français de mener une instruction à charge contre l’actuel président rwandais et le FPR, s’étaient rétractés ou avaient signifié que le juge Bruguière leur avait fait signé des dépositions qu’ils ne confirmaient pas.

Des conclusions d’expertise judiciaire cruciales pour l’aboutissement de l’enquête

Des conclusions d’expertise judiciaire présentées ce mardi pourraient être cruciales pour l’aboutissement de l’enquête, rappelle Libération :

"En avril 2010, les juges antiterroristes Marc Trévidic et Nathalie Poux désignent cinq experts, géomètre, balistique, explosifs et incendie, rejoints plus tard par un acousticien, pour déterminer les lieux possibles des tirs ayant abattu l’avion présidentiel, considéré comme l’acte déclencheur du génocide rwandais.

Vingt mois plus tard et après un déplacement au Rwanda en septembre 2010 pour essayer de reconstituer les conditions de l’attentat, juges et experts vont dévoiler mardi après-midi leurs conclusions aux parties concernées par l’enquête."

Dans la même dépêche, Libération indique que « les juges ont demandé [aux experts] de reconstituer la trajectoire du Falcon 50 présidentiel, d’évaluer sa position au moment où il a été touché, de déterminer le type de missile utilisé, mais également les modes opératoires possibles, et de confronter le tout avec les témoignages et données topographiques. »

Un attentat perpétré par les extrémistes Hutu ?

La thèse qui impute la responsabilité de l’attentat aux extrémistes hutu, qui auraient voulu se débarrasser du président Habyarimana, jugé trop modéré, pour faciliter un coup d’État et empêcher l’application du traité d’Arusha pourrait se voir consolidée.

Le travail des experts qui a été réalisé après un transport des juges et des techniciens sur les lieux de l’attentat à Kigali en septembre 2010 laisserait penser que le camp des extrémistes Hutu qui sont responsables de l’attentat, signale Le Point (Patrick Vignal, 10/01/2012) :

« Le travail mené sous la direction des juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux laisserait penser que le camp des extrémistes hutus pourrait être responsable de ces tirs, et non les proches de l’actuel président tutsi Paul Kagame, comme on le pensait jusqu’ici, assurent mardi plusieurs médias français. »

Sept experts avaient en effet été dépêchés sur place, à Kigali : trois spécialistes en aéronautique, deux géomètres, un balisticien et un acousticien. « Leur rapport qui sera remis cet après-midi aux parties fragilise un peu plus les conclusions du juge Bruguière déjà mises à mal par la rétractation de plusieurs témoins. » Une fois n’est pas coutume, le Nouvel Observateur (Christophe Boltanski, 10-01-2012), s’interroge :

« les tireurs se trouvaient à proximité, voire à l’intérieur, du camp de Kanombe, tenu par des officiers rwandais pour la plupart hostiles au règlement de paix qui imposait la fusion des rebelles et de l’armée régulière. Cette autre piste n’a jamais véritablement été explorée par le juge Brugière : celle d’un coup d’Etat perpétré par des extrémistes hutus déterminés à empêcher l’application du traité d’Arusha et à en finir une bonne fois pour toute avec les Tutsis. »

« Un coup d’Etat d’extrémistes hutus ? », s’interroge également Bérénice Dubuc, reprenant une dépêche AFP dans 20 Minutes :

« Les experts s’appuient sur des relevés, mais aussi sur deux témoignages anciens, celui d’un médecin militaire belge et celui d’un lieutenant-colonel des troupes de marines français, qui résidaient à l’intérieur du camp des Forces armées rwandaises (FAR) à Kanombe. Ces nouvelles informations viennent appuyer la théorie soutenue par un rapport d’enquête rwandais, qui affirme que les tirs sont partis du camp militaire de Kanombe, où il est « impossible d’imaginer » que le FPR ait pu s’infiltrer. »

Réactions des parties

« Nous sommes confiants dans l’évolution du dossier car il est établi, selon nous, que toutes les bases sur lesquelles il repose ont été remises en question, en particulier grâce à nos demandes d’actes », estiment Mes Bernard Maingain et Léon-Lef Forster, les avocats des rwandais mis en examen par le juge Bruguière. Selon eux, les travaux réalisés par les juges ayant succédé à Jean-Louis Bruguière « ont profondement réorienté l’enquête ».

« Sur l’origine des tirs, »que ce soit Massaka ou Kanombe, la mise en cause du FPR est inimaginable vu l’état du dossier".

L’AFP (repris par 20 Minutes) rapporte que selon Me Emmanuel Bidanda - conseil d’une des victimes françaises de l’attentat - les conclusions de l’expertise seront « une pièce utile et extrêmement importante », mais qu« il serait étonnant d’en attendre une révolution à 180 degrés de l’enquête ».

Réponse aujourd’hui… Les conclusions de l’expertise judiciaire commandée par les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux sur l’origine des tirs qui ont abattu à Kigali l’avion de Juvénal Habyarimana doivent être connues ce mardi.


11/01/2012 - Attentat Habyarimana - Conférence de presse : Léon-Lef Forster et Bernard Maingain

Paris, le 9 janvier 2012

INVITATION

Rwanda – Attaque contre l’avion présidentiel, le 6 avril 1994

Les manipulations de l’enquête Bruguière

Mercredi 11 janvier 2011, au lendemain de la communication aux parties du rapport
d’expertise balistique remis aux juges Nathalie Poux et Marc Trévidic dans l’instruction relative à
l’attaque contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994 à Kigali,
Mes Léon-Lef Forster et Bernard Maingain, avocats des sept Rwandais encore mis en examen
dans ce dossier, organiseront une conférence de presse à Paris.

À cette occasion, ils reviendront sur les conclusions des experts mandatés par les deux
magistrats français, qui leur auront été communiquées la veille, et exposeront les nombreuses
manipulations et irrégularités qui ont entaché cette information judiciaire pendant la décennie où
celle-ci était conduite par le juge Jean-Louis Bruguière.

Cette rencontre avec la presse se tiendra le 11 janvier 2012 de 11h à 12h30 à la Maison des Centraliens (ancien Press Club de France) : 8, rue Jean-Goujon, Paris 8e (métro Champs-Élysées- Clémenceau ou Franklin D. Roosevelt ; RER Invalides).
Tél. : 01 40 74 79 00.

Pour tout renseignement sur la conférence de presse :

Joël Ndoli Pierre
+33 (0)6 16 40 47 62
maingain.forster gmail.com


Communiqué de la République du Rwanda

Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération

Les juges français publient leur rapport sur le crash de l’avion qui a servi de prétexte au génocide perpétré au Rwanda.

Kigali, 10 Janvier 2012

Le Gouvernement rwandais salue aujourd’hui le rapport des experts mandatés par les juges français Marc Trévidic et Nathalie Poux, qui désigne le Camp Militaire de Kanombe comme étant le site d’où furent tirés les missiles qui ont abattu l’avion transportant l’ancien président Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.

Alors qu’il s’apprêtait à atterrir sur l’aéroport international de Kigali, l’avion a été abattu en ramenant d’Arusha l’ancien président qui venait d’y participer à une séance des pourparlers de paix. Les exécutants principaux du génocide se sont alors servis de ce crash comme prétexte à la mise en œuvre d’un génocide qu’ils avaient méticuleusement planifié contre les Tutsi du Rwanda.

Mme Louise Mushikiwabo, Ministre des Affaires Etrangères et porte-parole du gouvernement a déclaré :

« Les résultats présentés aujourd’hui constituent la confirmation de la position tenue de longue date par le Rwanda sur les circonstances qui entourent les événements du mois d’avril 1994. Grâce à la vérité scientifique ainsi établie, les juges Trévidic et Poux ferment avec éclat le chapitre de ces 17 années de campagne visant à nier le génocide et à faire porter aux victimes la responsabilité de leur sort. Pour tout le monde, il est désormais établi que l’attentat contre l’avion faisait partie d’un coup d’état mené par des éléments extrémistes hutu assistés de leurs conseillers, qui détenaient le contrôle du camp militaire de Kanombe ».

Pour le peuple du Rwanda, le rapport d’aujourd’hui résulte d’une enquête de grande qualité, requise par des magistrats français aux références irréprochables et réalisée par des experts de renommée internationale. Il rend justice à ceux qui ont été faussement accusés d’avoir abattu l’avion, mettant une fin définitive aux mensonges et aux théories du complot qui ont, trop longtemps, essayé de détourner l’attention du monde loin des auteurs véritables des crimes abominables perpétrés au Rwanda pendant le génocide.

La Ministre Mushikiwabo a conclu par ces mots : « Les Rwandais saluent ces conclusions qui apportent un meilleur éclairage sur un chapitre vital de l’histoire de notre pays. Sans fléchir ni nous laisser distraire, nous poursuivons la tâche capitale de reconstruction du pays pour les générations à venir ».

Contact :
Igor Marara | +250 788305218

A lire :

• Enquête sur l’attentat de Juvénal Habyarimana : les documents

• Le Rapport Mutsinzi->http://www.lanuitrwandaise.net/documents/textes-officiels/rapport-mutsinzi,229.html] (La Nuit rwandaise)

• Les articles de Jacques Morel sur ce site : Jacques Morel

• La série de Jean-François Dupaquier, Rwanda : Retour sur l’attentat qui fit un million de morts, sur Afrikarabia

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 10/01/2012

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