LYON : Tahrir, Puerta del Sol, Bellecour...

La rédaction - 21/05/2011
Image:LYON : Tahrir, Puerta del Sol, Bellecour...

La révolution est dans la place !
« Le llaman democracia y no lo es ! »

« Le llaman democracia y no lo es ! », « Vous prenez l’argent, nous prenons la rue », « Si vous ne nous laissez pas rêver, nous ne vous laisserons pas dormir », ce sont quelques uns des slogans qui motivent les espagnolEs de tout âge à sortir, à se réunir et à échanger à la veille d’une nouvelle élection.

Depuis le 15 mai, ce mouvement prend exemple sur les expériences récentes au Maghreb : occupations des places centrales, auto-organisation de terrain, etc. Parti de Madrid, la dynamique a gagné les autres villes du pays.
Le mouvement fait aussi écho en Italie, et les révoltes continuent en Lybie, Syrie, Grèce, etc., contre la classe politique, la « fausse » démocratie, les banquiers, la crise…

Samedi 21 mai la police occupe la place Bellecour, un appel circule pour reprendre et occuper la place dimanche 22 mai dès 19h !

Rassemblement de soutien samedi 21, place des terreaux à 17h (appel Democracia Real Ya LYON).

Manifeste de « Democracia Real Ya ! »

Manifeste de « Democracia Real Ya ! »

Nous sommes des per­son­nes cou­ran­tes et ordi­nai­res. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour tra­vailler ou pour cher­cher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui tra­vaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meilleur à celles et ceux qui les entou­rent.

Parmi nous, cer­tain-e-s se consi­dè­rent plus pro­gres­sis­tes, d’autres plus conser­va­teurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques un-e-s ont des idéo­lo­gies très défi­nies, d’autres se consi­dè­rent apo­li­ti­ques. Mais nous sommes tous très préoc­cupé-e-s et indi­gné-es par la situa­tion poli­ti­que, économique et sociale autour de nous. Par la cor­rup­tion des poli­ti­ciens, entre­pre­neurs, ban­quiers, ... .

Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.

Cette situa­tion nous fait du mal quo­ti­dien­ne­ment ; mais, tous ensem­ble, nous pou­vons la ren­ver­ser. Le moment est venu de nous mettre au tra­vail, le moment de bâtir entre tous une société meilleure. Dans ce but, nous sou­te­nons fer­me­ment les affir­ma­tions sui­van­tes :

• L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, le développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.

• des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heureuse.

• Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.

• La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays, la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économiques et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique menée par les sigles inamovibles du PPSOE [1].

• La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.

• La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.

• Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.

• Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

A la vue de cela, je suis indi­gné/e

Je crois que je peux le chan­ger.

Je crois que je peux aider.

Je sais que, tous ensem­ble, on le peut.

Sors avec nous. C’est ton droit.

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Notes

[1] Addition de PP et de PSOE, les deux partis de droite et gauche qui alternent au pouvoir.

Une journée à la Puerta Del Sol

Une journée à la Puerta Del Sol

Plus de trente mille personnes chaque jour à la Puerta Del Sol. Une critique grandissante de la démocratie représentative sur fond d’auto-organisation.
L’autogestion, impossible ? Chroniqe d’une journée à la Puerta Del Sol
Ceci est une traduction d’un article tiré de diagonalperiodico publié sur rebellyon.info.

Puerta del sol plus qu’hier mais moins que demain.

Le ras­sem­ble­ment de madrid ne montre pas de signe de fati­gue, mais plutot tout le contraire. Quelquesoit l’âge, ce sont plus de trente milles per­son­nes qui ont investi la porte du soleil avec le même sen­ti­ment.

« Nous sommes plus qu’hier mais moins que demain ! » : le slogan est crié par la casi tota­lité des 30000 per­son­nes pré­sen­tes. Ce slogan résume l’esprit d’un mou­ve­ment qui pour l’ins­tant ne fai­blit pas, mais qui semble plutôt se ren­for­cer. Il n’est pas prévu de lever le camp, la liste des volon­tai­res gran­dit et l’acti­vité du bureau de l’infor­ma­tion du camp semble être sans fin.

Les par­ti­ci­pants ont com­mencé à arri­ver avant huit heures, heure à laquelle l’assem­blée divise les grou­pes de tra­vail (envi­ron­ne­ment, société, com­mu­ni­ca­tion, action, économie entre autres) ; grou­pes qui se répar­ti­ront dans les rues envi­ron­nan­tes. Pendant ce temps les gens conti­nuent a affluer dans cette place de plus en plus sur­peu­plée, dans laquelle il est dif­fi­cile de se dépla­cer, ren­contrer des visa­ges fami­liers (le réseau télé­pho­ni­que crash régu­liè­re­ment). Jeunes et vieux, enfants, parents et grands-parents étaient là pour le même sen­ti­ment : l’indi­gna­tion

Ensuite, les slo­gans com­men­cent juste : « no hay pan para tanto cho­rizo » ! (on a pas de pain pour le cho­rizo !) ; ou « que no, que no, que no nos repre­sen­tan » (ils ne nous repré­sen­tent pas !) ; ils sur­gis­sent alors qu’on ins­talle ça et là des ban­de­ro­les autour de la place.

En même temps un groupe de jeune s’orga­nise et couvre de ban­de­ro­les l’angle de la Calle de Carmen, ban­de­ro­les sur les­quel­les ils deman­dent une véri­ta­ble démo­cra­tie et la cons­truc­tion d’un monde meilleur.

Vers 10heure l’avis de Paz Vega sur les échafaudages a cédé la place à un slogan plus selon les cir­cons­tan­ces, qui a été un des plus applau­dis de la jour­née, quelqu’un a mis en place une ban­nière qui disait « la démo­cra­tie »et a coupé le O de l’Oréal sur une pub. Résultat : une véri­ta­ble démo­cra­tie. Un peu plus tôt Goebbels avec le sym­bole de l’euro, oreilles de Mickey et la légende de « ne nous repré­sen­tent pas." En face, à tra­vers la place, une annonce énorme invite les gens à « pren­dre les rues ».

Ensuite une grande partie de ceux qui comp­tent dormir ici, déploient des tapis sous les baches ins­tal­lées aupa­ra­vent. Les groupe de tra­vails se don­nent rendez-vous à minuit étant donné le nombre de per­son­nes pré­sen­tes. Les haut par­leurs sont bran­chés et lisent le mani­feste de l’assem­blée sous les applau­dis­se­ments.

Ce sont les même per­son­nes qui ont hono­rées la mémoire de Patricia Heras jeune vic­time de la police, qui s’est sui­cidé il y a un mois. L’acti­vité ralen­tie mais n’est pas finie : ils sont prêts à tenir le camp aussi long­temps que néces­saire et n’ont pas l’inten­tion d’aban­don­ner. Même main­te­nant que la Junta Central Electoral a inter­dit les mani­fes­ta­tions le samedi et le diman­che.

Slogans pour une révo­lu­tion

« Que no, que no, que no nos repre­sen­tan » (non ! Non ! Ils ne nous repré­sen­tent pas !), était sure­ment le slogan le plus chanté de la jour­née, suivis de : « Lo llaman demo­cra­cia y no lo es » (ils appel­lent ça la démo­cra­tie, mais s’en est pas ! »).

Mais il y en avait beau­coup d’autres : « nous sommes plus qu’hier mais moins que demain », « il n’y a pas de pain pour le cho­rizo ! », « PSOE, PP, est la même merde ! », « davan­tage de bour­ses, moins de prêts hypo­thé­cai­res ! » nous n’avons pas chez nous, nous allons rester sur la Place " ou des clas­si­ques comme « la porte du soleil on ne bou­gera pas ! », « le peuple uni ne sera jamais vaincu » ou « cette crise on ne la paera pas ! »

tra­duc­tion : Malekal (lyon)

P.-S. : Il ne manque plus qu’un étincelle.

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 21/05/2011

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