Les Togolais dans la rue contre Gnassingbé

Safari - 16/06/2012
Image:Les Togolais dans la rue contre Gnassingbé

« C’est une marée humaine, on n’a jamais vu cela »
‎La révolution togolaise est en marche

Comme en 2010, des milliers de Togolais sont descendus dans les rues de la capitale , Lomé, à l’appel du collectif Sauvons le Togo qui exige des réformes avant les prochaines élections : « Non au nouveau code électoral, non à l’augmentation du nombre de députés. »

La journée a été calme ce vendredi 15 juin 2012 à Lomé où le mouvement Sauvons le Togo a appelé à une journée « ville morte ».

Mais les jours précédents, des manifestations pour réclamer des réformes avant les prochaines élections ont été soit empêchées soit réprimées par les forces de l’ordre.

Revue de presse des événements de ces derniers jours

TOGO : Affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, puis peur sur la ville de Lomé, un policier tire sur un officier de police


Images d’archive - 2010

LOMÉ LE 13 JUIN 2012 – La dispersion de la manifestation du Collectif « Sauvons le Togo » a dégénéré en affrontements entre forces de l’ordre et manifestants dans des quartiers de Lomé ce mercredi. On note par ailleurs plusieurs arrestations. Les activités commerciales sont fortement perturbées.

Les manifestants qui ont répondu à l’appel du Collectif « Sauvons le Togo », ont passé la nuit du mardi 12 juin au carrefour Deckon. Ils étaient estimés à des centaines de milliers. « C’est une marée humaine. On n’a jamais vu cela », s’est surpris le délégué de l’Union Européenne au Togo, Patrick Spirlet. Ceci a provoqué une panique chez les gouvernants, dont Faure Gnassingbé qui serait inflexible dans sa logique d’opérer un passage en force dans le processus des élections législatives et locales prochaines.

« Le pouvoir se méprend sur la situation, en voulant user de force pour étouffer nos revendications. Nous, nous sommes à l’écoute des populations. Nous opterons pour le choix des populations », a déclaré un responsable du Collectif « Sauvons le Togo » qui a appelé à la poursuite des manifestations annoncées pour trois jours. « Nous reviendrons à Deckon dès que les fumées des gaz vont s’évaporer », renchérit le responsable de l’opposition.

La dispersion de la marche a débouché sur des affrontements entre forces de sécurité et jeunes manifestants retranchés dans les quartiers de Bè et environnants. « Ici, les jeunes brûlent des pneus sur les routes et paralysent la circulation. En riposte, les forces e sécurité renforcées par des éléments des unités spéciales de la gendarmerie cagoulés, jettent des gaz lacrymogène et tabassent tout sur leurs passages », nous a confié au téléphone une habitante du quartier Bè-Kpota.

À Deckon, les gendarmes avec à leur tête le Lt-Col Yark Damhane ont tout démantelé.

Le podium érigé pleine la rue pour l’animation du sit-in du CST, a disparu de même que les manifestants, mais la circulation reste paralysée à ce point névralgique de la capitale. Les manifestants ont été poursuivis jusque dans l’église catholique Saint Augustin d’Amoutiévé ainsi que les classes où les écoliers étaient en examen. On a noté des écoliers blessés et d’autres étouffés par les gaz. Me Célestin Agbogan, SG de la LTDH qui est intervenu a été arrêté, molesté et embarqué manu militari sur ordre d’un officier supérieur de la gendarmerie nationale.

Me Raphael Kpanté-Adzaré également présent sur les lieux a dénoncé l’utilisation par les éléments du Cdt Amana, de balles en caoutchouc. Les observateurs ont du mal à s’expliquer les raisons de la violente dispersion de la manifestation, pendant que le CST dénonce un montage d’un ancien Premier ministre qui aurait distribué de l’argent à des jeunes drogués et désœuvrés avec pour consignes de provoquer les forces de sécurité.

Sur des médias, des voix s’élèvent pour appeler au dialogue afin de dégager des consensus en vue de l’organisation d’élections apaisées et transparentes.

Un policier tire sur un officier de police

Un incident est intervenu dans un poste de commissariat à Lomé, en marge de la répression de la manifestation du Collectif « Sauvons le Togo ».

Selon nos indiscrétions, un agent de la police a tiré à bout portant sur un supérieur qui lui faisait ce matin des remontrances. La scène s’est produite au commissariat central à Lomé. L’officier est mort sur le coup et à été transporté au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Lomé. Deux autres agents de la police ont également été touchés.

De nombreux agents de police et de gendarmerie ont été blessés lors des affrontements avec les manifestants lors des deux jours de manifestations. Les agents des forces de sécurité font de plus en plus montre de nervosité. On dénonce des actes de tortures sur des manifestants dans les commissariats.

Le président de la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) Me Raphael Kpaté-Adzaré a dénoncé l’utilisation par les forces de sécurité des balles en caoutchouc.

Aghu, Koaci.com, 13 juin 2012

Togo : Les manifestations de « Sauvons le Togo » se poursuivent ce jeudi à Lomé Dékon

Jeudi 14 juin : La détermination du Collectif « Sauvons le Togo » n’est pas entamée par les folles répressions policières des deux précédents jours. Au contraire !

Non seulement le CST maintient son sit-in ce jour à Dékon, il annonce en plus d’autres actions pour faire plier le gouvernement qui vient de demander (par communiqué) au ministre en charge de la Sécurité de « prendre des mesures additionnelles pour assurer la sécurité des personnes et des biens ». Les manifestants se convergent vers Dékon. Un impressionnant dispositif sécuritaire est observable dans la zone.

Outre la manifestation d’aujourd’hui, le Collectif a décidé l’opération Togo mort pour demain vendredi.

Lundi 18 et mardi 19 juin : Reprise de la manifestation à Dékon pour compenser les deux jours « gâchés » par la répression aveugle qui n’a pas épargné l’.

Mercredi 20 juin : Marche et sit-in dans toutes les préfectures du Togo.

Il est à noter que le secrétaire général de la LTDH, Célestin Agbodan, agressé hier par les argousins et détenu un temps, a décidé de porter plainte en justice contre son agresseur principal (officier KONDI) et ses éléments.

Le Collectif « Sauvons le Togo » porte également plainte contre le gouvernement et les forces de l’ordre. De son côté le gouvernement envisage de poursuivre, pour l’instant, une quinzaine de manifestants supposés « dangereux ». Il fait un bilan (contesté) de 22 policiers blessés et de 3 véhicules cassés. Le gouvernement a oublié d’insister sur des centaines de blessés dans les rangs des manifestants pacifiques.

Pour rappel, le CST exige, entre autres, la mise en œuvre rapide des recommandations de la CNDH sur les cas de torture, l’abrogation immédiate des récentes lois relatives au code et au découpage électoral, le retour à la Constitution référendaire d’octobre 1992.

Nous y reviendrons.

mo5-togo.com, 14 juin 2012

Togo : Violences policières à Déckon : plusieurs blessés et arrestations (Actualisé 7)

Togo : Les milices du pouvoir à bord de véhicules banalisés arrêtent des manifestants. L’un des véhicules porte immatriculation 0044 AH. Violences policières à Lomé : les manifestants violemment dispersés à la place Déckon. Plusieurs blessés et arrestations. Les manifestants résistent.

Les argousins sous les ordres de l’officier de gendarmerie KONDI ont poursuivi les manifestants jusque dans des maisons. Plusieurs dizaines d’arrestations, davantage de blessés.

L’officier KONDI, celui-là même qui avait frappé le député Jean-Pierre Fabre, a encore fait parler de lui en mal. Il a sérieusement tabassé Célestin Agbogan de la LTDH avant de l’embarquer.

Les forces dites de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes jusque dans l’enceinte de l’Église catholique Saint-Augustin d’Amoutivé.

Le vicaire de l’église, Yohannes AZIABLE, est en colère. Il parle de sacrilège. Il parle également de malédiction pour les auteurs des tirs de gaz lacrymogènes dans la « Maison de Dieu ».

Les élèves en examen scolaire ont été gazés à l’intérieur de Saint-Augustin. L’indignation est à son comble.

Faut-il en pleurer ? Trois (3) policiers sont tués par balles au Commissariat Central de Lomé. Leur mort serait intervenue par inadvertance (maniement d’une arme à feu par un de leurs collègues).

Célestin Agbogan, secrétaire général de la LTDH a été liberé ainsi que d’autres personnes arrêtées à l’interieur de l’église catholique Saint Augustin d’Amoutivé.

Le Collectif « Sauvons le Togo » anime actuellement (16h30 GMT) une conférence de presse au siège du CACIT à Tokoin-Trésor.

Le Collectif a décidé de poursuivre ses actions selon le calendrier défini.

À la suite de la conférence de presse, les leaders du Collectif sont retournés au carrefour Déckon avec les manifestants. Ils sont de nouveau sévèrement réprimés (gaz lacrymogènes et matraques).

18h05 (GMT) : Les gendarmes ont tiré des grenades lacrymogènes en direction des journalistes malgré leurs gilets d’identification.

Des tracts signés d’une association dénommée « Militaires Togolais Démocrates » (MTD), circulent dans la ville, demandant à tous les militaires de ne pas obéir aux ordres de répression et de libérer les prisonniers politiques.

Des gendarmes ont pourchassé des leaders du Collectif.

Plusieurs véhicules de militaires patrouillent dans la ville.

Nous y reviendrons.

mo5-togo.com, 13 juin 2012

CST – Déclaration liminaire conférence de presse du 13 juin

Le mercredi 13 juin 2012, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » a poursuivi le deuxième jour d’une série de manifestations qui ont débuté le 12 juin 2012.

Ce matin, aux environs de 9 heures, les agents de sécurité positionnés du côté ouest du carrefour Deckon, ont subitement et sans motif, chargé à coups de tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc de type non conventionnel dans le cadre du maintien d’ordre, la foule de manifestants dont la majorité avait passé la nuit au carrefour.

Les manifestants ont été poursuivis dans les ruelles et maisons environnantes ainsi que dans la cour de l’église saint Augustin d’Amoutivé. Ces répressions sans discernement ont engendré les conséquences ci-après :

• Blessés : 54 blessés dont 24 graves dans la journée du 12 juin 2012, 65 blessés dont 32 graves ;

• Arrestations : 15 personnes arrêtées le 12 juin 2012, 63 personnes le 13 juin 2012, dont une douzaine au sein de l’église saint Augustin d’Amoutivé.

• Saisie de biens : l’ensemble du matériel de sonorisation déployé sur les lieux a été emporté et saisi.

Le Collectif « SAUVONS LE TOGO » met à nouveau en garde le gouvernement et le rend entièrement responsable des conséquences de ces répressions et demande la libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées les 12 et 13 juin 2012, ainsi que la prise en charge des frais de soins de santé des blessés.

Face à cette situation, le Collectif « SAUVONS LE TOGO » :

• Lance un appel aux vaillantes populations de Lomé à se mobiliser de nouveau pour occuper le carrefour Deckon demain, jeudi 14 juin 2012 à partir de 8h ;

• Lance une journée Togo mort le vendredi 15 juin 2012 pour protester contre la répression sauvage et barbare dont les manifestants ont fait l’objet les 12 et 13 juin 2012 ;

• Renouvelle la tenue des deux jours de marches et sit-in dont le déroulement a été perturbé, pour le lundi 18 et le mardi 19 juin 2012 ;

• Annonce la tenue d’une nouvelle marche suivie de trois (03) journées de sit-in les mercredi 20, jeudi 21 et vendredi 22 juin 2012, sur toute l’étendue du territoire national.

Peuple togolais, par ta foi, ton courage et tes sacrifices, la nation togolaise doit renaître !

Fait à Lomé, le 13 juin 2012

Pour le Collectif,
Le Coordinateur,
Me Ata Messan Zeus AJAVON

Sources :

• Le Jura Libertaire

• RFI Togo

Illustration : Manifestation du 24 Mars 2010 - Gnim / Izuba CC.

Safari collabore au site d’information Medialternative et au collectif libertaire Ad Nauseam.

« Nous n’avons rien appris, nous ne savons rien, nous ne comprenons rien, nous ne vendons rien, nous n’aidons en rien, nous ne trahissons rien, et nous n’oublierons pas. »

 16/06/2012

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