CAURI : Affaire Munyemana - conférence de Presse

Bruno Gouteux - 19/05/2010
Image:CAURI : Affaire Munyemana - conférence de Presse

Vendredi 21 mai à 15 h 30
191 cours de la Somme (Bordeaux)

SOUTIEN

Affaire Munyemana : un procès intenté contre l’association Cauri et plusieurs de ses membres !

Venez nombreux à la conférence de presse organisée ce 21 mai à Bordeaux.

L’association CAURI (Bordeaux) vous invite à une conférence de presse qui aura lieu ce vendredi 21 mai à 15 h 30 au 191 cours de la Somme , au sujet de l’« affaire Munyemana » et plus particulièrement de l’action en justice que cet individu intente à l’encontre de l’association Cauri et d’un certain nombre d’entre nous.

En vous remerciant de votre présence,
pour le Collectif girondin pour le Rwanda,
Pascal Bianchini

Monsieur Munyemana a choisi d’assigner devant le tribunal de grande instance de Bordeaux l’association Cauri ainsi que des personnes ayant participé à l’action du Collectif girondin pour le Rwanda, reconstitué en janvier dernier, au motif qu’un « préjudice moral » lui aurait été infligé en n’ayant pas respecté à son égard la « présomption d’innocence ».

Notre réaction première est de considérer le dépôt de cette plainte comme une provocation par rapport à la mémoire des victimes du génocide. L’histoire retiendra qu’au « pays des droits de l’homme », ce sont les rescapés et leurs proches qui se trouvent devoir répondre de leurs actes devant les tribunaux avant que les procédures visant à établir la vérité et les responsabilités dans le génocide ne soient réglées, des plaintes ayant pourtant été déposées depuis une quinzaine d’années.

Au-delà de cette remarque générale qui remet en perspective cet événement, il est utile de rappeler l’enchaînement des circonstances objectives qui a conduit à la reconstitution du Collectif girondin pour le Rwanda ces derniers mois.

Une plainte a d’abord été déposée à Bordeaux en octobre 1995 contre Sosthène Munyemana pour « tortures, traitements inhumains et dégradants », cette plainte ayant été requalifiée en janvier 1996 suite à l’introduction du crime de génocide dans le code pénal français. Quelques années, plus tard, suite au regroupement des dossiers « rwandais » à Paris, une autre plainte a été déposée par le Collectif des parties civiles pour le Rwanda et la Fédération internationale des droits de l’homme. A ce jour, Munyemana n’a pas été jugé, comme une quinzaine d’autres personnes accusées d’avoir participé au génocide et qui résident en France
Après plusieurs années de silence, l’affaire Munyemana a de nouveau été évoquée dans la presse au mois d’octobre dernier. A l’hôpital de Maubeuge, une personne ayant eu une altercation avec le médecin Eugène Rwamucyo, a découvert que ce dernier était recherché par Interpol, dans le cadre des enquêtes sur le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Elle a alerté la presse. Les articles qui ont été alors publiés ont associé le cas de Rwamucyo à celui de Munyemana également recherché par Interpol depuis 2006 dans le même cadre et ayant aussi exercé en tant que médecin à l’hôpital de Butare au Rwanda.

A la suite de ces articles, Sosthène Munyemana a cru bon de réagir en parlant d’ « accusations mensongères » et en se présentant comme la victime d’un « règlement de comptes entre la France et le Rwanda ». Il a même appelé à la rescousse Pierre Péan qui a invoqué pour le défendre la « culture du mensonge » (traduction libre du terme kinyarwanda ‘ubwenge’) qui expliquerait les accusations des victimes qui le visent.

Devant de pareilles déclarations, il n’était pas possible de continuer à se taire. Il n’est pas interdit de mentionner qu’il a été condamné en 2008 à la prison à perpétuité dans son propre pays pour sa participation au génocide ou encore qu’en France, la Cour nationale du droit d’asile lui a refusé la même année le statut de réfugié politique en invoquant expressément les soupçons qui pèsent sur lui. Ce sont des faits objectifs.

Tout aussi objectivement, plusieurs enquêtes qui ont été menées séparément mettent en cause Munyemana. Elles figurent dans des ouvrages, des rapports d’organisation non-gouvernementales, des articles de presse, des reportages audiovisuels ou encore de nombreux sites internet.

On peut alors s’étonner que le docteur Munyemana, qui ne peut ignorer tous ces documents, n’ait pas jugé bon d’assigner devant les tribunaux leurs auteurs respectifs, ni semble-t-il ceux des différents reportages parus dans les médias depuis plusieurs années.

Si nous avons réagi aux propos de Munyemana parus au mois d’octobre, nous l’avons fait en rappelant seulement que l’affaire n’est toujours pas jugée - ce qui est en soi une situation inacceptable - et que le crime de génocide est imprescriptible. Nous en appelons à la solidarité militante en faveur de la reconnaissance du droit à la justice pour les rescapés et leurs proches et à la défense de la mémoire des victimes du génocide des Tutsis du Rwanda.

Le Collectif girondin pour le Rwanda

Bordeaux le 20 mai 2010


Arrêté mercredi 20 janvier dans la banlieue bordelaise, Sosthène Munyemana a été déféré devant le parquet général de Bordeaux. Placé sous contrôle judiciaire, il lui a été notifié une convocation devant la chambre d’instruction extraditionnelle de la cour d’appel de Bordeaux.

Sosthène Munyemana n’est pas le seul médecin, accusé de génocide, à exercer son art en France...

A lire :

L’affaire du docteur Sosthène Munyemana sur le site de la CEC

L’association Survie et la FIDH portèrent plainte le 18 octobre 1995 contre le Docteur Sosthène Munyemana, actuellement médecin dans le Sud-Ouest de la France à Villeneuve sur Lot. Depuis sa création en 2001, le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda s’est joint aux parties civiles. Il a fallu 15 ans à la justice française pour s’intéresser à cette plainte. Si la justice avait fait son travail normalement, on aurait statué depuis longtemps sur le cas de ce médecin et on en serait pas là. On se permet en plus de faire la leçon aux justices des pays africains !

• MUNYEMANA, Sosthene (Interpol) : Categories of Offences : GÉNOCIDE, WAR CRIMES.

• L’affaire du docteur Sosthène Munyemana

• Rwanda. Décision de la cour nationale du droit d’asile (France) - Sosthene Munyemana

• Génocide rwandais : pression sur l’hôpital /Le docteur Munyemana parle d’« acharnement »

• Un génocidaire rwandais aidé par le Dir. cab de Sarkozy ?

• Le Dr Munyemana, accusé de génocide au Rwanda, arrêté en France

Image d’illustration : fiche Interpol.

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 19/05/2010

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