A tout vent : Nouvelle Françafrique et célébration des 50 ans

La rédaction - 14/04/2010

Côte d’Ivoire
par Didier Depry | Notre voie

Depuis le 1er janvier 2010, de nombreux pays africains dont majoritairement ceux ayant la langue française en partage sont entrés dans le cinquantenaire de leur indépendance.

On ne saurait parler de 50 ans « d’autodétermination » des pays africains francophones sans faire allusion à la Françafrique.

Vendredi dernier, dans cette rubrique hebdomadaire que vous avez sous les yeux, nous avons entamé la série d’articles que nous comptons faire sur la Françafrique et le rôle pernicieux ou catalyseur, c’est selon, joué par celle-ci dans la jeune histoire de nos États.

Nébuleuse politico-économique fondée sur le contrôle tous azimuts des ex-colonies françaises en Afrique par l’Elysée et le triomphe de l’empire français, la Françafrique est née de la volonté du général De Gaulle et de Jacques Foccart, son « Monsieur Afrique ». Celui que d’anciens proches de Félix Houphouet-Boigny qualifiaient de « véritable président de la République de Côte d’Ivoire ». Houphouet étant évidemment « le vice-président ».

De 1960 à nos jours, la Françafrique a vécu et continue de vivre. Elle n’est pas morte. Elle ne mourra d’ailleurs jamais contrairement aux déclarations électoralistes faites par Nicolas Sarkozy. L’actuel chef de l’Etat français, lors de sa campagne présidentielle en 2007 avait promis de refonder la politique Elyséenne de l’Afrique. Il parlait de rompre avec les pratiques anciennes.

Deux années après cette profession de foi, rien n’a changé. M. Sarkozy a troqué sa veste de « donneur de leçons » contre celle de Françafricain bon teint comme son prédécesseur Jacques Chirac. Dont il a pris le flambeau à la tête de la nébuleuse au cours d’une « cérémonie de baptême » pleine de symboles en 2009 à Libreville, en marge des obsèques de feu Omar Bongo Ondimba, ex-chef de l’Etat gabonais. Le nouveau « parrain » de la Françafrique qu’il est désormais se doit d’apposer son empreinte sur les événements concernant « le pré carré français » en Afrique. Mais une empreinte imbibée de l’esprit françafricain. D’où le choix qu’il a porté sur Jacques Toubon, un vétéran du « marigot » françafricain, pour conduire l’opération « 50 ans d’indépendance des pays africains », selon l’Elysée.

Dans un édito daté de janvier 2010, l’association Survie de feu François Xavier-Verschave met le pied dans le plat pour le triomphe de la vérité.

Lisez plutôt : « Le 21 juin 2009, un communiqué de l’Élysée déclare : la célébration en 2010 du 50ème anniversaire de l’indépendance de quatorze ex-colonies françaises doit être l’occasion de souligner et de confirmer l’évolution des relations entre la France et l’Afrique subsaharienne qui doivent rester privilégiées tout en étant renouvelées, équilibrées et transparentes. Fort bien ! Hélas, dans le même communiqué, on lit également : le Président Nicolas Sarkozy a confié à l’ancien ministre, Jacques Toubon, la mission de préparer et d’assurer la mise en œuvre d’une initiative 2010- Année de l’Afrique. Sans avoir besoin de rappeler la vieille et longue histoire françafricaine de Jacques Toubon, notamment dans le cadre du Club 89, qu’il animait avec des gens comme Michel Aurillac, ancien ministre de la Coopération, et Robert Bourgi, qu’on ne présente plus, on ne peut pas se faire une idée de »l’évolution« des relations »renouvelées" qu’il allait mettre en œuvre dès les jours suivants.

Jacques Toubon, en effet, est présent à Brazzaville, avant, pendant et après l’élection présidentielle du 12 juillet 2009. Il y affiche un zèle outrancier pour Denis Sassou N’Guesso, cautionnant un processus électoral plus que douteux, attaquant le représentant de l’UE, Miguel Amando, pour ses critiques, qualifiées « d’ingérence », des conditions électorales. Toubon se démêle à Brazzaville, flanqué de son compère Patrick Gaubert, député européen UMP, président de la LICRA, celui qui fut accusé par la Fédération internationale des Droits de l’Homme d’avoir fait pression sur les familles des victimes du massacre du Beach, au Congo ".

Sans commentaire.

Article repris avec l’aimable autorisation de son auteur, Didier Derpy, journaliste politique au quotidien Notre Voie (Abidjan, Côte d’Ivoire)

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 14/04/2010

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