Kagame à Paris : joies et turpitudes d’une visite controversée

La rédaction - 12/09/2011
Image:Kagame à Paris : joies et turpitudes d'une visite controversée

Paul Kagame en France
« Génération Dignité, Destination Prospérité »

Au rassemblement - ou plutôt à la grande fête - de la diaspora rwandaise de ce dimanche 11 septembre a succédé ce lundi la rencontre officielle entre Sarkozy et Kagame, ainsi qu’une conférence du Président rwandais à l’Institut français des relations internationales.

La situation des droits de l’Homme au Rwanda aura ainsi été évoquée à Paris par certaines ONG tandis que quelques poignées de manifestants rwandais et congolais tentaient violemment d’attirer l’attention des médias sur les crimes qu’ils imputent au président rwandais.

Enfin, rescapés, associations ou collectifs s’inquiètent que ne soient sacrifiés la vérité et la justice qu’il est nécessaire d’œuvrer à établir sur le rôle joué par le Congo [1] et la France dans le génocide des Tutsi tout comme sur le rôle joué par la France et le Rwanda dans les guerres du Congo.

Rappel des faits.

En tout début d’après midi, ce lundi 12 septembre, Le Parisien nous rapporte qu’« un groupe d’une trentaine de manifestants d’origine congolaise opposés au régime rwandais déambulaient sur la voie express parisienne, semant la zizanie et créant de sérieux embouteillages. »

"Ils n’ont pas hésité à brûler des pneus sur la voie publique. Une voiture a également été incendiée. A l’arrivée des policiers, les manifestants se sont rapidement dispersés, et une personne a été interpellée.

A la suite de cette manifestation, le périphérique extérieur a dû être coupé au niveau de la porte Maillot, avec sortie obligatoire porte de Champerret. Les grosses perturbations ont commencé vers 11h47 et se poursuivaient toujours à 13h30. Peu avant 14 heures, le périphérique a été rouvert à la circulation, complètement saturée dans ce secteur."
Le Parisien

Les manifestants, qui n’auront pas hésité à brûler des pneus sur la voie publique, ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire « Kagame assassin »...

Un séjour de trois jours en France

Le Président rwandais est en effet arrivé la veille en France, pour une visite de trois jours : ce lundi il se sera entretenu à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy, à l’occasion d’un déjeuner exclusivement consacré, selon lui, à l’avenir des relations entre les deux pays. « Nous travaillons ensemble pour voir comment échapper à l’Histoire, pour avancer », avait affirmé Kagame ce dimanche en kinyarwanda, s’attirant les applaudissements du large public (près de 3700 personnes) venu de toute l’Europe (Belgique, Suisse, Norvège, Angleterre, Allemagne, ...) le rencontrer à Aubervilliers.

Également au programme de ce lundi, une conférence en anglais (Le rôle de l’Afrique dans une configuration mondiale en mutation) à l’Institut français des relations internationales (Ifri) durant laquelle Paul Kagame aura été interpellé par des ONG sur la situation des droits de l’Homme dans son pays : « Il n’y a que Human Rights Watch qui ne voit jamais de progrès au Rwanda » a répondu le président rwandais, avant d’affirmer que « nous allons continuer à faire de notre mieux pour notre peuple. »

Une visite qui suscite des remous chez les militaires et politiques français

Cette visite officielle du président rwandais a suscité des remous dans la classe politique et chez les militaires français, dont nombreux sont toujours accusés par Kigali d’être impliqués dans le génocide des Tutsi, en 1994.

Faisant fi des nombreux travaux journalistiques et enquêtes historiques sur le rôle joué par la diplomatie et l’armée française au Rwanda entre 1990 et 1994, plusieurs anciens responsables militaires ont jugé « insultant » le fait que Nicolas Sarkozy a reconnu en 2010 à Kigali une « forme d’aveuglement » de la France pour n’avoir pas « vu la dimension génocidaire » du régime rwandais d’alors et qu’il accueille aujourd’hui Paul Kagame alors que Kigali maintient ses « graves accusations » (largement étayées !) à l’encontre de l’armée et de la classe politique françaises.

Ainsi, l’actuel ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, (poste qu’il occupait en 1994, pendant le génocide), sera absent pendant toute la visite officielle du Président rwandais... Signe évident d’un malaise persistant, malgré la volonté des deux Présidents de mettre en scène ce rapprochement entre les deux pays.

L’arrivée de Paul Kagame en France

Photos de la rencontre avec la diaspora

Un témoignage

A lire sur : http://awozdeya.wordpress.com

Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles...

Tel est mon état d’esprit en ce lundi matin, lendemain de fête qui chante.

Car en effet, hier le 11 Septembre 2011, Paris était une fête. Une fête rwandaise avec ce que le Rwanda a de meilleur.

It was Rwandaness at its best !

Nous étions plus de trois mille personnes me dit-on.

Se côtoyaient gaiement les esprits les plus brillants de la classe politique rwandaise et des hommes d’affaires d’aujourd’hui, une jeunesse rwandapolitaine bi-tri-quadrilingue parfois, des artistes de talent, les amis d’hier qu’on essaie de ne pas louper, les nouvelles amitiés qui naissent sous les vivats d’une salle littéralement portée par l’allocution du Président Paul Kagame.

Une allocution entamée sur le thème de l’unité, pilier de notre société et, comme nous rappelle le président Kagame, le principe de l’unité devrait être le fondement de toute politique digne de ce nom. ”Nous trouverons toujours ce qui nous différencie les uns les autres, mais consacrons notre énergie à trouver et entretenir nos valeurs communes” a rappelé le Président Kagame. Et il poursuit “il n’y a que de cette manière-là que nous pourrons prospérer en tant qu’êtres humains et en tant que Nation déterminée à sortir dénifitivement de la pauvreté et du misérabilisme quémandeur !”

Tant d’autres thèmes ont été abordés, toujours éloquemment illustrés par des dictons rwandais fort à propos…

Oui, les pieds sur terre. Pieds sur terre et manches retroussées, réalisme vissé à la cheville pour faire face aux problèmes (plutôt que des les énumérer avec véhémence en s’adressant aux responsables politiques) car nous a encore rappelé le président Paul Kagame “le râleur a toujours un problème double, son problème initial et le fait même de râler”. “Proposez-moi donc des solutions !!” a ajouté le président Kagame. Hilarité générale de la salle … et reconnaissons que certains intervenants se sont appliqués à l’exercice lors de la séance de question/réponse.

Tête dans les étoiles parce que “sky is the limit” ! Le Rwanda voit grand et travaille activement à se donner les moyens de réaliser sa vision d’un Etat moderne et ouvert, “hub of East Africa“. Le Rwanda est aujourd’hui à l’affût d’investisseurs et d’idées novatrices venant de tous les pays du monde, dont la France.

De tous horizons,de nombreux amis notamment ceux de la diaspora africaine ont exprimé leur admiration pour le Président Kagame et leur volonté de raccrocher leur wagon au train Rwanda …Vous savez… ce TGV dernier cri AGACIRO, “Génération Dignité, Destination Prospérité”. Accueillant cette avalanche de compliments avec humilité, le président Kagame a gracieusement répondu aux propositions des uns et des autres. Les réponses étaient sans cesse accompagnées de salve d’applaudissements.

Quelques images et n’oubliez pas de jeter un œil sur les vidéos Youtube.

Autres lieux, autre discours mais je dois me rendre à l’évidence, la rwandadeyose a encore frappé…

Et c’est toujours aussi bon !

Jeaninne

Les voix de la diaspora (Vidéos)

Vidéos de la diaspora tournées pour le 11 septembre :

11 septembre (Vidéos)

Des vidéos du 11 septembre :

A lire :

Kagame à Paris : Le vainqueur des génocidaires chez leurs meilleurs amis
VIDEO : Le rôle de la France dans le génocide des Tutsi

Rencontre de la diaspora rwandaise à Paris


[1] - La rwandophobie au Congo (RDC) n’est pas née d’aujourd’hui... Mobutu avait en son temps largement su l’utiliser.

Nombreux sont les Congolais qui oublient que le Congo aura prêté main forte au régime génocidaire rwandais, dès 1990 et jusqu’en 1994. Mobutu n’avait d’ailleurs pas hésité à envoyer une partie de sa garde présidentielle combattre les réfugiés rwandais qui voulaient rentrer au pays, en 1990.

C’est d’ailleurs du Congo que seront réapprovisionnées en armes, pendant le génocide, les forces génocidaires rwandaises et les milices.

Après y avoir été exfiltrées par les Français de Turquoise en juillet 1994, les forces génocidaires rwandaises trouveront au Congo un appui - de l’église, notamment - et des camps « de réfugiés » à partir desquels ils tentèrent de continuer le génocide et de reconquérir le Rwanda.

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 12/09/2011

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