Radio.Graphie Vol.1

Bruno Gouteux - 11/04/2011
Image:Radio.Graphie Vol.1

La parole est à l’artiste...
Mayssoun

A la librairie Lady Long Solo (32 rue Keller, dans le 11ème à Paris)
se tissent des discussions et naissent des camaraderies, des liens,
des solidarités...

C’est là que nous avons rencontré Mayssoun, artiste
du son qui anime le site Radio.Graphie.

Au fil des bavardages, une
complicité est née – chose inévitable dans cette librairie à la taille réduite
mais à l’espace incommensurable.

Nous avons trouvé qu’il serait intéressant de soutenir son intention
de publier une collection de son travail sur format cd. Pour le Jouet
enragé, le son et le disque sont des formats nouveaux, ou plutôt, des
supports nouveaux, car au fond il s’agit toujours de parole, de récits,
de morceaux de réalité qui dérangent, qui mobilisent, et qui parfois
donnent du plaisir.

Aujourd’hui le travail est fait et le disque est sorti, publié et mise à
disposition du public.

Dans ce Volume 1 de Radio.Graphie, on fait des rencontres diverses.
On y retrouve par exemple les sans papiers et leur longue marche/démarche,
physique et administrative dans le pays des droits de l’homme
et de l’asile ; au moment où ils sont expulsés par la CGT de la bourse
de travail, ou encore dans cet épique manifestation de Paris à Nice à
pied, allant interpeller les chefs d’états africains, complices de leur
homologue français dans la politique d’expulsion des migrants.
Particulièrement frappant est le reportage à la préfecture de Bobigny,
dans la file d’attente pour la régularisation (ou non) des étrangers. La
métaphore kafkaïenne d’une administration qui fait subir l’arbitraire
au pauvre citoyen est largement dépassé... Ici on ne parle même pas
de citoyens, ces étrangers n’ayant pas encore le droit de citoyenneté.
À la fin du disque, on fait la rencontre de Mayssoun, de sa voix, de
ses mots, de sa sensibilité qui traîne, qui envahit l’ambiance... Mais
laissons à vos oreilles le soin de découvrir par elles-mêmes le contenu
de cet premier volume de Radio.Graphie.

La parole est à l’artiste qui nous raconte sa démarche sonore, mais
cette fois-ci par écrit.

Sergio Cáceres
Éditions Le Jouet enragé

1. J’aime partout me sentir libre (5’59)

En Mai 2010, une centaine de sans-papiers et
quelques-uns de leurs amis de lutte décident d’aller
à pied à Nice afin de s’inviter au grand sommet
de la France-Afrique.

Une action
symbolique ? Une traversée du territoire à pied,
découverte de la France pour ces sans-papiers
franciliens, en groupe et en chantant, de belles
rencontres sur le chemin, une ivresse de la
marche...

Ce document à été réalisé à partir
d’une discussion sur le fait d’avoir ou non des papiers,
d’un discours enflammé sur le droit à la liberté
de circulation, d’un concert de ZEP au pied
de la cité d’Aix en Provence. À voir également
les films de la marche sur le site de Télé liberté.

2. Préfecture Bobigny (20’32)

Toutes les nuits, qu’il pleuve ou qu’il vente, une
longue file d’attente se forme devant la préfecture
de Bobigny. C’est par une nuit de décembre
2009, que nous sommes allés, avec Télé liberté,
filmer et enregistrer les personnes devant l’accueil
des étrangers.

Témoignages pour dénoncer
cette file d’attente de la honte, expliquer les incohérences
d’un système érigé pour humilier. Un
simple changement d’adresse ne peut se faire sans
cette longue file d’attente, et encore ce n’est pas
sûr de passer... d’avoir un ticket.

Une musique de Yacine Amarouchène, composée
pour ce document. À écouter dans son intégralité
sur le site de Radio.graphie.

3. Sans-Papières (7’58)

C’est à une manifestation devant le
consulat d’Algérie, en avril 2009, que j’ai
rencontré ces femmes de la Coordination
des sans-papiers du 93. Elles m’ont confié
leurs difficultés de sans-papières, femmes
souvent isolées qui ont quitté leur pays pour
x raisons.

Elles nous parlent de leur condition
de femmes sans-papiers, du courage qui
leur a fallu pour partir, pour rester ici, bien
souvent sans leurs enfants.

Elles ont écrit sur
leur parcours « Sortir de l’ombre pour vivre
libre ». Ces textes, lus ici par d’autres
femmes « avec-papiers », sont entrecroisés
avec les témoignages des sans-papières.

4. Expulsion de la bourse du travail (10’17)

Juin 2009. les collectifs de sans-papiers
regroupés dans la maison des travailleurs afin
de mener leur lutte, celle des sans-papiers
isolés ont fêté le mois précédent le premier
anniversaire de l’occupation de la bourse rue
Charlot (Paris, 3ème). Depuis plus d’un an,
ils occupent les parties communes, la grande
salle et la cour...

Mais en ce 22 juin, alors que
le plus grand nombre est parti en manifestation
hebdomadaire, un commando de la
CGT armé de bâtons et de gaz lacrymo attaque
les quelques-uns et quelques-unes restées
sur place. Il s’ensuivra l’évacuation des
sans-papiers par la police, quelques bosses...
Le soir, nous sommes restés dormir sur le trottoir
de la bourse du travail.

5. Deux Beyrouthines (15’45)

Enregistré en avril 2007, quelques mois
après la guerre de l’été 2006. Il s’agit ici d’un
discussion dans un bar beyrouthin entre
amies, entrecroisée d’un poème de Salma écrit
à son retour de vacances, lorsqu’elle retrouve
sa ville blessée. Loubna a vécu son enfance
dans un pays en guerre (1975-1989). Partie
faire ses études en France, elle pense alors que
jamais elle ne revivra cela. À son retour pourtant,
le pays connaît à nouveau des violences,
et ensuite la guerre, l’invasion israélienne.

Mais cette fois elle est adulte. Salma a vécu
son enfance en Afrique, comme beaucoup de
Libanais du Sud. Elle découvre le Liban
d’après-guerre et se réapproprie la ville, le pays
où elle s’installe et vit désormais.

Cet enregistrement a été réalisé avec un minidisque,
sons bruyants d’une ville en reconstruction
permanente. C’était le premier
montage de Radio.Graphie.

6. Un essai du dimanche (1’35)

Quand la voix prend le train, la suite dans les
idées vagues et l’océan tout près…Parlante
automatique et quelques arrangements...

Un Cd Audio + Un Cahier de 8 pages

10 euros

radio.graphie.free.fr • www.lejouetenrage.com

Sommaire :

1. J’aime partout me sentir libre
(5,59)
2. Préfecture Bobigny
(20,32)
3. Sans-Papières
(7,58)
4. Expulsion de la bourse du travail
(10,17)
5. Deux Beyrouthines
(15,45)
6. Un essai du dimanche
(4,31)

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 11/04/2011

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