GABON : Lettre ouverte à la communauté internationale

Diagau - 8/12/2010
Image:GABON : Lettre ouverte à la communauté internationale

Diaspora Gabonaise Unie
par Dominique Annie MOUCKAGNI-MAMBO

Le Gabon est sorti d’un coma profond au lendemain du décès de BONGO ONDIMBA Omar. De grands espoirs enfouis resurgirent à la surface et chacun entrevoyait déjà la renaissance d’un peuple en mal de démocratie.

Pourtant le 16 juin 2010, lors des obsèques du défunt Président, l’oraison funèbre de son dernier Premier Ministre, EYEGHE NDONG Jean, sonnait comme annonciatrice de ce qui allait arriver.

“ Monsieur le président de la République, auprès de vous et grâce à vous aussi, j’ai vu avec quelle force le vent des intrigues souffle dans les allées et les couloirs du pouvoir, qui contrecarre la nationalisation des formations sociales premières de notre pays, parce que, ici et là, la recherche de la puissance personnelle pour conquérir une position ou conserver un soi-disant acquis, en visant la domination au sein d’un Etat multiculturel comme le nôtre, fait constamment obstacle à la progression de l’identification nationale puisqu’elle accentue les différences informes que contient nécessairement, naturellement, un Etat culturellement réparti.”

(…)

“Les slogans des jeunes eux-mêmes – ’’ Nous voulons la paix " - la paix – lancés tout au long du chemin que vous avez parcouru de l’aéroport Léon MBA au Palais de la présidence de la République, montrent leur attachement personnel et de pensée. C’est à ce peuple, c’est à ces jeunes qu’il revient de rejeter les dissensions, les guéguerres et les luttes effrénées, personnelles ou autres.

L’avenir du Gabon est entre leurs mains.”

Hélas, le coup d’Etat électoral du 3 septembre 2009, par lequel BONGO ONDIMBA Ali est parvenu à la tête de l’État gabonais, corrobora malheureusement ses dires quant au travail de coulisse effectué par les émissaires de protagonistes trop soucieux de préserver leurs intérêts pour laisser au peuple gabonais le droit de voir respectée sa souveraineté dans son propre pays.

Malgré les morts au Gabon, les contestations à l’étranger[1], tant les autorités légales gabonaises que françaises, qui semblaient alors travailler de concert, affirmaient que tout s’était bien passé, félicitant clairement BONGO ONDIMBA Ali.

En réaction au silence assourdissant de la Communauté Internationale, les gabonais de la diaspora, bien conscients du péril que courent leurs compatriotes restés au Gabon, s’organisèrent en associations pour refuser de reconnaître la légitimité d’un homme qui dû faire couler le sang de ceux dont il est pourtant supposé être le premier serviteur.

Et la Diaspora Gabonaise Unie (DIAGAU) est de celles-là.

Depuis lors, nous avons pris la décision de combattre sans relâche cet énième déni de démocratie par les voies qui étaient celles dont disposait une structure naissante.

Un an plus tard, le Gabon est toujours paralysé sur les plans social, économique, politique… et amorce un virage extrêmement périlleux. Nos deux derniers communiqués[2], dont le premier mettait en avant l’effroyable bilan annuel du régime en place, et le second retraçait l’enchaînement d’événements marquant une tentative de déstabilisation de ce même régime ; confortés par la prochaine diffusion du documentaire de BENQUET Patrick sur la chaîne publique France 2 Françafrique : 50 années sous le sceau du secret[3], nous amènent à lancer cet appel solennel à la communauté internationale.

En effet, dans ce documentaire donnant la parole à d’anciens et actuels acteurs officiels et officieux en Afrique de la France, l’implication et le rôle joué par cette dernière dans les élections présidentielles anticipées du 30 août 2009 sont plus que suggérés.

Ainsi, DIAGAU appelle la communauté internationale à intervenir auprès de la France afin que le peuple gabonais soit éclairé sur le rôle réel de l’ancienne métropole, avant et pendant le processus électoral, à la lumière des événements qui se sont succédés.

DIAGAU appelle aussi la communauté internationale à faire pression pour une confrontation des PV de la Cour Constitutionnelle et des candidats de l’opposition.

DIAGAU appelle encore la communauté internationale à l’ouverture d’une enquête internationale, un an après les massacres de Port-Gentil : une plaie toujours vive, ouverte et suintante.

Tout ceci, conformément à :

● L’article 35 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 24 juin 1793 qui dispose que « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

● La résolution 1514 de l’Assemblée Générale de l’ONU dans son ensemble sur l’octroi de l’indépendance aux peuples coloniaux, du 14 décembre 1960, affirmant notamment que :

- « les peuples peuvent, pour leurs propres fins, disposer librement de leurs richesses et ressources naturelles sans préjudice des obligations qui découleraient de la coopération économique internationale, fondée sur le principe de l’avantage mutuel, et du droit international »

- « proclame solennellement la nécessité de mettre rapidement et inconditionnellement fin au colonialisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations »

- « que la sujétion des peuples à une subjugation, à une domination et à une exploitation étrangères constitue un déni des droits fondamentaux de l’homme », est contraire à la Charte des Nations Unies et compromet la cause de la paix et de la coopération mondiales.

Au-delà de 3 mois sans réponse, nous Diaspora Gabonaise Unie, prendrons acte de cette nouvelle fin de non recevoir de la communauté internationale face à un peuple bafoué dans ses droits les plus élémentaires, et mettrons en œuvre tout ce qui est de notre ressort et celui d’un peuple souverain, pour que le Gabon soit mis sous tutelle, à défaut d’être gouverné.

Dominique Annie MOUCKAGNI-MAMBO

Présidente de DIAGAU


[1] voir Note Gabon

[2] voir « Les 365 jours de Les 365 jours de règne de BONGO ONDIMBA Ali ou la confirmation de l’imposture au sommet de l’etat gabonais » et « Retour vers le Futur : chronique d’un coup de force annoncé - si ce n’est pas avec l’un ce sera avec l’autre... » sur ce site.

[3] voir « DVD Françafrique »

Diaspora Gabonaise Unie - DIAGAU

Dominique Annie MOUCKAGNI-MAMBO

Présidente de DIAGAU

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 8/12/2010

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