Copé & l’UMP : Une formidable hypocrisie antilaïque

Jean-Paul - 6/06/2011
Image:Copé & l'UMP : Une formidable hypocrisie antilaïque

« le masque hideux du cléricalisme qui revoit le jour »
Proposition de résolution parlementaire sur la « laïcité »

Le 5 mai 2011, monsieur Jean-François Copé a déposé une proposition de résolution à l’Assemblée nationale.

Sous une apparence très « radicalement laïque », c’est le masque hideux du cléricalisme qui revoit le jour.

Pour monsieur Copé et consorts, la laïcité se réduit uniquement à la liberté religieuse, c’est-à-dire la « liberté » de croire, mais surtout pas de ne pas croire.

Malgré quelques formulations sibyllines sur la liberté de conscience dans les considérants, pour monsieur Copé, la laïcité, c’est la liberté religieuse et non la liberté de conscience.

Rappelons que celle-ci inclut la liberté des cultes (article 2 de la loi de 1905) comme conséquence de la liberté de conscience.

L’inverse n’est pas vrai.

La liberté de conscience est la mère de toutes libertés, la liberté religieuse n’est qu’une fenêtre entrouverte quand la pensée est sous le boisseau des dogmes.

Selon que vous serez puissants ou misérables Monsieur Jean-François Copé veut interdire les expressions trop « publiques » des religions.

Ainsi, on peut lire :

« Hors manifestations traditionnelles, nul ne peut se satisfaire d’un exercice récurrent du culte sur la voie publique, qui cause un trouble à l’ordre public. »

Les Pénitents noirs et blancs ont pu ainsi défiler dans les rues dans des tenues dignes du Ku Klux Klan dans le sud de la France, sans jamais être contrôlés par la police pour « dissimulation de visage », mais les femmes voilées ont été verbalisées en mains endroits.

Une nouvelle fois, sous couvert de « laïcité », ce sont les musulmans qui sont visés par la répression de la loi.

On peut aussi s’étonner que monsieur Jean-François Copé, dans ce cadre-là, cite l’article 9 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales du 4 novembre 1950 :

« Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ».

Expression publique, ou privée, il faudra choisir L’hypocrisie est à son comble quand monsieur Copé préconise :

« nécessaire que le principe de laïcité soit étendu à l’ensemble des personnes collaborant à un service public ainsi qu’à l’ensemble des structures privées des secteurs social, médico-social, ou de la petite enfance chargées d’une mission de service public ou d’intérêt général ; hors le cas des aumôneries et des structures présentant un caractère « propre » d’inspiration confessionnelle ».

En clair, la laïcité partout, dans les rues, les commerces, les entreprises privées, mais pas dans les écoles catholiques ou les établissements sanitaires et sociaux des Églises. De la même manière, il poursuit :

« Rappelle son attachement à la mission du service public de l’audiovisuel qui, dans le respect de son cahier des charges, contribue à la liberté religieuse, en permettant aux personnes dépendantes ou invalides d’exercer leur culte ».

Et ceux qui, comme les libres penseurs, n’ont pas le droit à un temps d’antenne sur les médias publics. Sont-ce des citoyens de seconde zone ? Parce qu’ils ne croient pas, ils ne peuvent bénéficier des bontés de la liberté religieuse ?

La Fédération nationale de la Libre Pensée appelle les députés à repousser cette nouvelle atteinte à la laïcité et à la liberté absolue de conscience, qui pour des raisons électorales, utilise la laïcité comme véhicule.

La loi de 1905 dans sa lettre et son esprit, a parfaitement fixé les conditions de la séparation des Églises et de l’Etat.

La Fédération nationale de la Libre Pensée encourage les responsables politiques, élus ou non, à en respecter les dispositions.

En cela, ils seront fidèles à la République.

Mouvement Europe & Laïcité
Paris, le 1er juin 2011.


Le Centre d’Action Européenne Démocratique et Laïque (CAEDEL)

En 1954, alors que s’amorçait l’édification européenne initiée à Rome en 1950 (Europe des 6) le Centre d’Action Européenne Démocratique et Laïque (CAEDEL) a été fondé et doté d’un bulletin trimestriel : Europe & Laïcité. Son objectif était et reste toujours de contribuer à la construction d’une Europe solidaire et démocratique, et d’y faire prendre en compte les valeurs constitutives de la Laïcité .

L’édification de l’Europe présente à la fois un double danger et une chance exceptionnelle :

Le premier danger est qu’une certaine conception très « carolingienne et vaticane » de l’Europe occidentale, engendre une délaïcisation de la France, au nom d’une prétendue nécessité d’uniformisation des législations. En effet, la France est, avec le Portugal, le seul État doté d’une constitution et d’une législation laïques.

Le second danger est que les institutions et les lois européennes soient d’inspiration cléricale, et imprégnées des dogmatismes qui régissent souvent la vie collective dans les autres états.

La chance exceptionnelle qui s’offre aux laïques est la possibilité de faire partager les valeurs constitutives de la Laïcité, ses implications constitutionnelles et juridiques, les acquis et les enrichissements qu’elle engendre, et l’harmonie sociale qu’elle permet.

Le Mouvement « Europe & Laïcité » prit racine (sous le nom de CAEDEL) dans tous les états européens, membres de la nouvelle Communauté. Depuis plus de 40 ans, l’action militante des laïques européens a permis une féconde coopération interassociative entre les organisations laïques. C’est pour faciliter la communication, et tout spécialement la communication internationale, que nous avons changé le nom de notre mouvement. Administrativement, il reste déclaré, en tant qu’association, sous son nom d’origine.

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