Aujourd’hui, on tue à Kinshasa

« C’est à la mitrailleuse que l’armée tire sur la foule... »
Appel au Président Macron

Aujourd’hui, dimanche 21 janvier 2018, on tue à Kinshasa.

C’est à la mitrailleuse que l’armée tire sur la foule descendue dans les rues pour contester le régime de Joseph Kabila prolongé au-delà de son deuxième mandat sans même un simulacre d’élection.

Rappelons, Monsieur le Président, que cette répression intervient moins d’un an après l’ouverture, en juillet, d’un centre de formation pour les hauts gradés de l’armée rdcongolaise, formation aux techniques de contre-insurrection assurée par des instructeurs français.

Depuis plusieurs années, dans ce pays ravagé par la misère, on a pu voir l’action délétère du général Baillaud, instrumentalisant diverses milices et bandes armées à seule fin de déstabilisation, ceci prenant des proportions effrayantes, d’abord au Kivu, et maintenant au Kasaï, où les sbires de Kabila ne reculent devant aucun des sales procédés de la « guerre révolutionnaire » chère à l’armée française depuis les années 50.

Nous demandons ici solennellement le rappel du général Baillaud, ainsi que la fermeture immédiate de cette école militaire criminelle ouverte à Kinshasa sous votre responsabilité.

Nous dénonçons aussi le fait que la France – et l’Espagne – aient osé bloquer toute protestation européenne, de même que la France paralyse l’ONU sur ce dossier depuis bien longtemps.

Nous demandons que la France renonce à sa fonction de « penholder » au Conseil de sécurité, et rappelle au besoin son ambassadeur auprès de cet organisme, afin de permettre à la communauté internationale de regarder la situation plus impartialement.

La Nuit rwandaise
L’Agence d’information

Que se passe-t’il au Congo RDC ?

21 janvier 2018 - Depuis hier, l’armée congolaise (FARDC) et la Police Nationale Congolaise (PNC) militarisent Kinshasa avec barrages et percées dans les quartiers, arrestations de jeunes et rackets. La PNC a néanmoins dû retirer les barrières après plusieurs incidents.

Ce matin 21 janvier, des marches de citoyen ont été attaquées par des tirs de gaz lacrymogènes et à balles réelles. La Place ONC, point de chute des marches, est occupée par les Forces de sécurité. Les manifestants quittent les artères principales et défilent dans les artères secondaires. La participation des gens est massive.

A partir de 13h30 les manifestants ont érigé des premiers barrages de pierres pour se protéger. La voiture de l’opposant Félix Tshisekedi (fils de feu Etienne Tshisekedi, ancien leader de l’UDPS) a été atteinte par des tirs.

A 13h50, l’AFP et l’ONU parlent de 5 morts et 33 blessés.

A 14h, alors que 100 personnes, dont des prêtres et des curés, sont arrêtées à la paroisse Saint Christophe par la Garde républicaine (bérets rouges, la milice privée de Kabila), les tirs à balles réelles s’intensifient. La PNC semblerait débordée.

Des manifestations sont également réprimées à Bukavu et à Kisangani.

A la Cathédrale de Kinshasa, 2000 personnes sont encerclées par FARDC et PNC.

A 16 heures, on déplorait entre 4 et 5 morts.

Thérèse Kapangala, une jeune fille de 16 ans, est décédée après un tir de rafales d’une « auto-mitrailleuse » visant l’entrée de l’église Saint-François-de-Salles à Kitambo.

Internet, comme les principaux réseaux de téléphonie mobile, sont coupés. Appels et SMS ne passent plus.

1500 personnes se sont réfugiés dans les installations de la MONUSCO à Kingabwa mais une unité, dirigée par un Général Pakistanais, s’est retirée de ses positions. D’autres unités de la MONUSCO arrivent sur les lieux bien après les tirs à balles réelles de la police et de l’armée qui ont donc déjà fait de nombreuses victime. De nombreuses personnes essaient néanmoins de se mettre à l’abri dans leurs installations.

L’Agence d’information
21 janvier 2018 - à 17 heures

Bruno Gouteux

Michel Sitbon dirige les éditions de l’Esprit frappeur, Dagorno et les éditions du Lézard.

Il est le fondateur des journaux Maintenant, État d’urgence, Le Quotidien des Sans-Papiers et du site d’information Paris s’éveille.

Il est également l’auteur du livre « Rwanda. Un génocide sur la conscience » (1998).

Il est directeur de publication de « La Nuit rwandaise » et membre de l’association France Rwanda Génocide - Enquêtes, Justice, Réparation.

Michel Sitbon est également le porte parole du Collectif contre la Xénophobie et de Cannabis Sans Frontières - Mouvement pour les libertés.

 21/01/2018

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