24 Mars : Les Togolais plus mobilisés que jamais !

Bruno Gouteux - 25/03/2010
Image:24 Mars : Les Togolais plus mobilisés que jamais !

En image (Photos et Vidéo)
Repression de la manifestation à Lomé : nombreux blessés

Répondant à l’appel du FRAC-Front républicain pour l’alternance et le changement-, Trois à quatre mille manifestants se sont réunis ce mercredi 24 mars devant le siège de l’UFC pour une veillée de prières. Armée de bougies allumées, la foule psalmodiait des chants religieux pour implorer la bénédiction divine sur le Togo. Les manifestants entendaient ainsi protester contre la proclamation par la cour constitutionnelle de Faure « Fraude » Gnassingbé à la magistrature suprême.

La veillée se déroulait normalement quand les responsables du FRAC apprennent qu’un gendarme en civil armé d’un pistolet avec cinq balles dans le chargeur avait été intercepté par le service d’ordre de l’opposition. Les responsables de l’opposition prennent alors contact avec la gendarmerie. les gendarmes viennent récupérer leur collègue.

Un quart d’heure plus tard, on entend des explosions. La foule commence à paniquer. Les femmes commencent à évoquer les massacres de 2005. Les explosions se rapprochent. Les grenades lacrymogènes atterrissent dans la foule. C’était pendant l’intervention de la députée Isabelle Améganvi. Bousculades ! Panique.

Certains manifestants se sont réfugiés dans les maisons voisines. Dans les rues, la foule en fuite est chargée par les gendarmes. Les explosions de gaz lacrymogènes ont continué encore une heure après la dispersion de la manifestation.

Les Togolais sont plus mobilisés que jamais pour mettre fin à la dictature de « Fraude » Gnassingbé, dictature qui - comme en 2005 - tente de se donner les apparences de la démocratie en appelant le peuple à voter... pour l’apparence.

Les élections truquées de Gnassingbé, si elles semblent contenter la communauté internationale, éveillent, comme en 2005, la colère populaire. Colère canalisée, s’exprimant pour l’instant uniquement lors de manifestations pacifiques (les deux dernières ayant eu lieu les 20 et le 24 mars).

Le pouvoir tente d’intimider, accusant l’opposition d’appeler au pillage. Ce que démentent les déclarations de ses principaux leaders - parmi lesquels Jean-Pierre Fabre, vainqueur de l’élection présidentielle du 4 mars - comme le comportement des manifestants qui jusque-là ont manifesté pacifiquement et dans le calme leur refus de la dictature monarchique. Les tentatives de manipulation (par l’infiltration « d’agitateurs » dans les manifestations) ont été vaines. Le gouvernement togolais tente de leur imposer cette dictature héréditaire avec l’appui indirect de la communauté internationale et de l’OUA qui ne condamnent pas fermement les dérives du régime Gnassingbé et sa tentative de s’imposer une nouvelle fois en manipulant les résultats des élections.

Le Togo n’étant pas l’Iran... l’indignation de la communauté internationale lors du trucage avéré d’élections ne semble pas s’appliquer à l’Afrique...

Racisme de bon alloi : Chirac aimait à répéter que « les Africains n[’étaient] pas mûrs pour la démocratie »... Les gouvernements occidentaux et africains actuels semblent du même avis. Heureusement, leur diatribes racistes et relativistes sont quotidiennement démenties par les peuples africains, au grand dam des « présidents affairistes », pro-consuls d’un impérialisme occidental qui offrent aux gouvernements et aux firmes des anciens pays colonisateurs leur population, leurs ressources, leurs terres et leur dignité, pour quelques poignées d’euros ou de dollars, pour quelques somptueuses villas et des bons d’achat chez les grands couturiers et joailliers de la place Vendôme...

Reste la mobilisation populaire pour faire basculer le rapport de force. Forte mobilisation au Togo et à Lomé. Des manifestations ont eu lieu en Allemagne, en France, etc... Le 27, c’est aux États-Unis (Grande Marche de Protestation du FRAC à Washington ce samedi 27 mars 2010 )...

La manifestation du 24, à Lomé, a donc bien eu lieu, comme convenu, malgré les intimidations de la « gente » militaro-affairiste au pouvoir.

Témoignage :

Répondant à l’appel du FRAC-Front républicain pour l’alternance et le changement-, Trois à quatre mille manifestants se sont réunis ce mercredi 24 mars devant le siège de l’UFC pour une veillée de prières. Armée de bougies allumées, la foule psalmodiait des chants religieux pour implorer la bénédiction divine sur le Togo. Les manifestants entendaient ainsi protester contre la proclamation par la cour constitutionnelle de Faure « Fraude » Gnassingbé à la magistrature suprême.

La veillée se déroulait normalement quand les responsables du FRAC apprennent qu’un gendarme en civil armé d’un pistolet avec cinq balles dans le chargeur avait été intercepté par le service d’ordre de l’opposition. Les responsables de l’opposition prennent alors contact avec la gendarmerie. les gendarmes viennent récupérer leur collègue.

Un quart d’heure plus tard, on entend des explosions. La foule commence à paniquer. Les femmes commencent à évoquer les massacres de 2005. Les explosions se rapprochent. Les grenades lacrymogènes atterrissent dans la foule. C’était pendant l’intervention de la députée Isabelle Améganvi. Bousculades ! Panique.

Certains manifestants se sont réfugiés dans les maisons voisines. Dans les rues, la foule en fuite est chargée par les gendarmes. Les explosions de gaz lacrymogènes ont continué encore une heure après la dispersion de la manifestation.

La Fosep (Force de sécurité élection présidentielle) est venue charger les manifestants à coups de grenades lacrymogènes :

Des blessés par la Fosep lors d’une veillée de prières à la bougie au siège de l’UFC.

Une manifestation agréable de l’opposition a été dispersée à coups de gaz. Il y avait des milliers de manifestants mais il y a eu beaucoup de blessés comme Isabelle Améganvi. Les éléments de la Fosep jetaient des gaz dans la foule parmi laquelle se trouvaient Jean-Pierre Fabre et Agbéyomé Kodjo.

Un commandant de la Fosep a été battu par la foule et sauvé par les responsables du FRAC.
Des milliers de partisans de l’opposition ont fini la manifestation bougies allumées [voir dernière photo], entonnant prières et chants lorsque les gaz ont commencé à pleuvoir sur eux.

[Source : Anne Kpotogbey, Togosite]

La Manifestation en images :


OBUTS - ALERTE INFO : 24 mars 2010

VIOLENCES ELECTORALES AU TOGO
CONTRE DES DIRIGEANTS ET MILITANTS DE
L’OPPOSITION

Ce mercredi 24 Mars l’opposition togolaise avait appelé à un rassemblement à 17h00 devant le
siège de l’UFC. De nombreux manifestants avaient répondu à l’appel, porteurs de bougies
symbole de paix, pour maintenir la flamme de la mobilisation pour exiger la vérité des urnes à
l’issue de l’élection truquée du 4 mars 2010.

Alors que tout se déroulait dans le calme et la sérénité, des éléments de la FOSEP (force
chargée d’assurer la sécurité de l’élection présidentielle, financée par la France, dans le cadre
de l’aide à l’organisation de ce scrutin), ont fait irruption sur les lieux, chargeant les
manifestants à coups de tirs de grenades lacrymogènes et bastonnant tous ceux qui se
trouvaient sur leur passage.
On enregistre à cette heure plusieurs blessés graves, sans en connaitre pour l’instant le
nombre.

Les forces de la FOSEP ont ensuite lancé l’assaut, contre le siège de l’UFC à l’intérieur duquel se
trouvaient plusieurs dirigeants de l’opposition et du FRAC, Jean-Pierre Fabre et Agbéyomé
Kodjo, candidats à l’élection présidentielle du 4 mars 2010, Patrick Lawson, Isabelle
Ameganvi, Djovi Galli et Claude Améganvi.

Agbéyomé Kodjo et Djovi Galli ont été légèrement blessés au pied.
Nous lançons un appel à la communauté internationale pour nous aider à faire cesser les
violences post électorales à mettre à l’actif du pouvoir sortant et instaurer un climat de paix
durable.

Lomé, le 24 mars 2010

Service de Communication OBUTS

Violences Electorales au Togo

Images :

Gnim Atakpama
Journaliste-Écrivain-Enseignant

A lire :

TOGO : MENACE D’ATTEINTES A LA LIBERTÉ CONTRE LES DIRIGEANTS DE L’OPPOSITION

Agbéyomé KODJO a fait parvenir hier un courrier aux chancelleries et aux organisations de défense des droits de l’homme pour les informer de ses craintes personnelles pour la sécurité de sa famille et la sienne propre, suite à la décision unilatérale de la Gendarmerie Nationale du Togo prise le lundi 22 Mars 2010 à 11 Heures, de retirer sans aucune explication, les quatre éléments de sécurité affectés réglementairement pour assurer sa protection.
Le Président issu de la Vérité des Urnes, Jean Pierre FABRE a été aussi l’objet de la même mesure répressive. Par ailleurs, des éléments des forces de sécurité habillés en civil et identifiés, rôdent depuis lors dans le périmètre du domicile d’Agbéyomé KODJO.

Il faut noter que cette décision est consécutive aux allégations dénuées de tout fondement faites par le ministre de la sécurité, A. TITIKPINA, à l’issue de la marche de protestation calme et pacifique du samedi 20 mars organisée par le FRAC.

Ce dernier a en effet asséné un mensonge supplémentaire lorsqu’il a osé déclarer : « Au point du point de chute de la marche à la plage et au cours de leur meeting, les responsables politiques à l’instar de Jean-Pierre Fabre, Agbéyomé Kodjo, Dahuku Péré, Patrick Lawson et Aimé Gogué prenant tour à tour la parole ont appelé à méconnaître la légitimité du nouveau président élu incitant la population à la violence et aux actes de vandalisme en dépit du climat totalement apaisé des hautes observations nationales et étrangères qui ont caractérisé tout le processus électoral ».

Deux observations s’imposent :
• D’une part, aucun appel d’incitation à la violence et aux actes de vandalisme n’a été prononcé par les responsables politiques de l’opposition cités, ni aucun acte de violence n’a été commis par les manifestants.

Le ministre, qui n’est pas à une contradiction près reconnaît lui-même dans le même communiqué : « Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile se réjouit du retrait dans le plus grand calme de la foule signe de sa désapprobation au mot d’ordre lancé et de son entière adhésion au climat de paix et de sécurité cher à tous les togolais ».

• D’autre part, il y a imposture lorsque le ministre de la sécurité déclare : « Il rassure la population togolaise que toutes les mesures seront prises pour préserver le climat de paix et de tranquillité qui a jusqu’ici prévalu ».

Les derniers développements de l’actualité constituent des preuves tangibles qui récusent les déclarations du ministre TITIKPINA :

- Les arrestations et enlèvements de militants politiques de l’opposition, (dont Gérard ADJA et Emmanuel ATAYI, membres de OBUTS interpellés arbitrairement depuis le 6 mars au motif qu’ils avaient sur eux une copie d’un communiqué officiel de OBUTS appelant à la mobilisation générale pour la vérité des urnes, et toujours détenus tout aussi arbitrairement, à KARA, au sein de notre « Guantanamo Togolais »),

- La destruction par la FOSEP des documents des copies des procès-verbaux des bureaux de vote détenus par le FRAC, et de l’arrestation des militants qui étaient chargés de la compilation des résultats pour étayer preuves à l’appui la contestation de la victoire du Président sortant,

- Les actes de violences injustifiés de la part de la FOSEP, qui sont autant d’actes attentatoires à la liberté d’opinion et d’expression publiques et qui constituent autant de restrictions très graves des libertés publiques au Togo !

A ce jour la violence post électorale est à mettre à l’actif du gouvernement. A notre connaissance, seuls des militants de l’opposition sont à ce jour en prison :

- mais pas un seul militant du RPT,

- pas un seul des commanditaires de l’intervention de la FOSEP au CESAL n’a été inquiété,

- pas un seul agent de la FOSEP qui a commis ces actes illégaux !

De ce qui précède, force est de constater que depuis le 4 mars et jusqu’à ce jour, la violence post électorale n’est pas du côté de l’opposition mais du côté du pouvoir sortant qui agit impunément sans crainte de la moindre sanction ! Où se trouve aujourd’hui l’Etat de droit au Togo ?

Dans ces conditions, la « résistance » à ce climat de violence et de répression est un acte de salut public, éminemment démocratique.
Et puisque la libre expression constitue actuellement un crime de lèse majesté au Togo, et les droits humains inaliénables déniés aux citoyens, nous sommes bien obligés de nous tourner vers les pays partenaires du Togo, notamment ceux qui ont contribué financièrement à coup de dizaines de millions d’Euros, à l’organisation de l’élection présidentielle du 4 mars. Nous leur réitérons notre demande de libération immédiate de tous les détenus politiques incarcérés le long du processus électoral actuel, et leur demandons d’intervenir auprès du pouvoir sortant pour garantir la sécurité de l’ensemble du peuple Togolais, et préserver la cohésion nationale.

Rien n’entamera notre engagement toujours résolu aux côtés du peuple Togolais, et notre inébranlable détermination à ne plus couvrir de ridicule notre peuple !

Ensemble, en avant pour défendre la République en péril !

Fait à Lomé, le 23 mars 2010.

Agbéyomé KODJO
Président national de OBUTS,
Coordinateur Provisoire du Collectif pour la Vérité des Urnes (CVU).

Bruno Gouteux est journaliste et éditeur —Izuba éditions, Izuba information, La Nuit rwandaise, L’Agence d’Information (AI), Guerre Moderne, Globales…—, consultant —Inter-Culturel Ltd— et dirige une société de création de sites Internet et de contenus —Suwedi Ltd.

Il est engagé dans plusieurs projets associatifs en France et au Rwanda : Appui Rwanda, Distrilibre, Initiatives et Solutions interculturelles (ISI), le groupe Permaculture Rwanda, Mediarezo

 25/03/2010

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